A plusieurs titres, cette édition 2020 du Masters sacrant l’Américain Dustin Johnson, fut exceptionnelle.
Si chaque édition du Masters est unique et nous garantit son scénario original, cette 84ème édition restera sans l’ombre d’un doute dans les annales. D’abord en raison du contexte. La pandémie de Covid-19 a en effet contraint, pour la première fois depuis 1934, le tournoi à être décalé au mois de Novembre, lui qui se joue historiquement en Avril. Un changement de dates qui a eu un impact important sur le jeu, le parcours étant beaucoup plus « soft » et tolérant qu’à l’accoutumé. La crise sanitaire a en outre obligé l’épreuve à se tenir à huis clos, sans ces centaines de spectateurs habituellement massés le long des fairways et autour des greens. Sans compter les départs chamboulés, placés tôt et répartis sur les tees 1 et 10. C’est donc à travers les postes de télévisions que les fans ont pu assister dimanche au triomphe de Dustin Johnson, à l’issue d’une semaine pleine d’enseignements.
Rendez-vous manqué pour Tiger
Forcément, après avoir remporté avec brio l’édition 2019, Tiger Woods s’avançait comme l’un des grands favoris de ce Masters 2020. Plus discret ces derniers temps, il avait d’ailleurs concentré ses efforts sur ce rendez-vous particulier pour lui. Et tout avait plutôt bien démarré pour le tigre, postant une carte de 68 (-4) pour son premier tour. Mais les conditions météo humides et les très longues journées sur le parcours pour rattraper le temps perdu sur les 2 premiers tours aura certainement eu raison de son objectif d’accrocher une 6ème veste verte dans sa penderie. 71, puis 72, avec un dos qui commençait à montrer des signes d’impatience, le vainqueur 2019 a rapidement compris qu’il ne jouerait pas la gagne cette année. Nouvel objectif, le top 10. Hélas, son dernier tour a été marqué par un épisode rare. Ou plutôt un cauchemar pour l’ex n°1 mondial qui réalise 10 sur le trou n°12, un par 3 ! Trois balles dans la Rae’s Creek, cette rivière qui passe devant le green, 2 balles dans le bunker et voilà (en français dans le texte) ! Il n’en fallait pas moins pour piquer le champion qui termine sa semaine avec 4 birdies de suite pour accrocher un score total sous le par (-1), mais une 38ème place ex aequo certainement un peu amère.
La chute de Dechambeau
Ils étaient nombreux à penser que Bryson Dechambeau, récemment armé de sa formidable puissance, allait jouer un mauvais tour au parcours d’Augusta National. Il n’en a rien été. C’est plutôt l’Américain qui a passé un sale quart d’heure, déjà en arrivant à court de forme. Mais surtout peut-être, à vouloir trop agresser un tracé grâce à son immense puissance sur les mises en jeu, le Texan a cherché des lignes de jeu trop risquées et il en aura payé le prix. Impossible de ne pas penser à ce trou n°3 totalement loupé lors du 2ème tour avec une balle mystérieusement égarée dans le rough pour finir avec un triple bogey, que l’on peut qualifier de fatal avec le recul. L’Histoire retiendra que le « bomber » aura passé le cut avec la plus petite des marges 1 coup révélant les failles de son approche et de sa stratégie. Après ce désastre, la suite du tournoi a ressemblé à un long chemin de croix pour l’Américain qui a traversé les deux derniers tours comme une ombre, postant 69 et 73 pour finalement terminer à une 34ème place ex aequo (-2). Une déception oui, mais n’oublions pas que Bryson pêche encore par son excès d’engagement, peut-être dû à la fougue de sa jeunesse. Pas de panique cependant, BDC aura encore de nombreuses occasions d’ajouter un deuxième trophée de majeur à son palmarès. Il a déjà annoncé son intention de travailler sur… une nouvelle balle pour l’édition 2021. L’objectif : que celle-ci fonctionne mieux avec ses wedges….
La décéption McIlroy
La « configuration » de ce Masters 2020 semblait pourtant idéale pour le Nord-Irlandais. De nombreux observateurs pensaient ainsi que cette édition serait la bonne pour Rory McIlroy, qui allait enfin vaincre le signe indien en remportant l’unique majeur qui manque à son palmarès et ainsi entrer dans le petit cercle des joueurs vainqueurs des quatre épreuves du Grand Chelem. Tout était réuni pour aller dans ce sens : 1. une pression moins forte (pour une fois). Logiquement, c’est surtout sur Tiger Woods, lauréat en 2019, et Bryson Dechambeau, nouveau phénomène du golf mondial et favori, que les yeux étaient tournés. 2. Une ambiance plus « décontractée », selon ses propres mots. Pas de public = moins de pression pour un McIlroy parfois tendu au milieu des « patrons » car il se sait attendu sur le Masters. 3. Enfin, et c’était certainement l’argument le plus fort, Augusta était cette année un parcours taillé pour lui. Le joueur d’Holywood aime les parcours soft sur lesquels il peut sans crainte faire parler sa puissance au drive et sa précision sur le jeu de fer. Il tape plus haut et plus loin que la majorité de ses camarades, deux armes idéales dans ces conditions. C’est en tous les cas sur ce « profil » de terrain de jeu que l’exn°1 mondial a remporté ses deux majeurs aux U.S.A : l’U.S Open 2011 au Congressional et le PGA Championship 2012 à Kiawah Island. Mais sans driving ni putting cette année, la marche était trop haute. Clairement hors de forme et pas dans la balle, « Rors » a malgré tout cravaché dimanche pour accrocher la meilleure place possible. Son 69 de dimanche l’installe dans le Top 10 (T5 / -11 total). Rendez-vous est pris dans 5 mois (si tout va bien) entre Rory McIlroy et l’Augusta National pour un nouveau duel.
Les scores complets : masters.com/en_US/scores/index.html