Amoureux du jeu qu’il pratique Avec assiduité depuis plusieurs décennies, Bill Murray ne manque jamais une occasion de jouer la comédie sur les fairways comme lors de l’AT&T Pebble Beach National Pro-Am dont il ne rate aucune édition. Pour le plus grand bonheur des fans.
Depuis 1937, chaque année au mois d’avril se joue traditionnellement l’AT&T Pebble Beach National Pro-Am. Une épreuve totalement à part dans le calendrier puisqu’elle réunit en Californie les champions du PGA Tour et le gotha mondain américain pour une épreuve largement dédiée à la bonne cause, les bénéfices profitant aux organisations caritatives. Une aubaine pour les acteurs, chanteurs, politiques, sportifs et autres célébrités en tout genre qui se retrouvent dans la péninsule de Monterrey, à quatre heures de route au sud de San Francisco, pour jouer aux côtés des Woods, Mickelson, McIlroy et consorts. Le rendez-vous revêt ainsi un visage singulier puisqu’il est le seul à proposer ce format dans le calendrier et, à ce titre, il connaît un succès tonitruant auprès des fans de la discipline. Ces derniers se déplacent en nombre pour admirer leurs idoles, qu’elles soient habituées à briller dans la lumière des spots ou grâce à leur talent clubs en mains. C’est bien connu, les « peoples », au sens large du terme, sont de longue-date attirés par la discipline, par passion ou par opportunisme, parfois les deux. Pour les premières cités, partager une partie avec les joueurs du tour est vu comme un privilège, un mot très certainement tombé en désuétude pour ces habitués aux passe-droits. L’événement est donc l’occasion d’observer ces stars pour qui la petite balle blanche est devenue une passion.
Pour l’acteur Bill Murray la passion a pris un autre visage, celui de l’addiction. Un amour pour le jeu que l’acteur a d’ailleurs couché sur papier. En 1999, il publie en collaboration avec George Peper, un livre intitulé Cinderella Story : My life in golf, retraçant son histoire avec le golf et la passion qui en est née. Cette dernière date en fait des années 1980, une période qui voit Murray jouer dans le mythique film Caddyshack dans lequel il interprète le rôle d’un intendant de club en guerre contre une taupe qui dévaste le terrain. Depuis, le natif de Chicago joue très régulièrement au golf à travers le monde. Si sa présence à Pebble Beach en avril est assurée quasi chaque année depuis 1992, il apparaît également sur d’autres rendez-vous comme pour jouer en amont de l’Irish Open ou au tournoi des célébrités lors de la Ryder Cup.
Sur les fairways de Pebble Beach, de Spyglass Hill ou du Monterey Peninsula Country Club, l’ex-star de la saga Ghostbusters (que l‘on a également vue dans les films Un jour sans fin et Lost in Translation) ne se contente pas de distiller quelques jolis coups de golf (il possède un handicap très honnête de 13) mais s’attache tout autant à amuser la galerie, ce parterre de spectateurs le suivant derrière les cordes, se délecte de ses clowneries qui semblent inépuisables. Il cultive allègrement cette interaction avec le public qui en a fait l’une de ses coqueluches à tel point que lors du tournoi, la partie du comédien est souvent davantage suivie par les spectateurs que certaines comptant de grands noms du circuit. Oui, Bill Murray vole régulièrement la vedette aux pros et l’on se demande si l’acteur de 66 ans ne chassent pas davantage les rires de ses congénères plutôt que les birdies. Il ne s’interdit d’ailleurs rien pour amuser la galerie, que ce soit en arborant des looks improbables aux couleurs criardes reléguant John Daly et ses pantalons bariolés au rang d’amateur, ou en tordant le cou à l’étiquette comme cette année lorsqu’il joua une balle encore en mouvement sur le green, provoquant l’hilarité de son audience. De petits écarts qui ne font pas sourire tout le monde : en 1994, le patron du PGA Tour Dean Beman souhaitait exclure Murray de l’événement pour son comportement parfois jugé inapproprié. Heureusement pour ses admirateurs, Tim Finchen, successeur de Beman à la tête du circuit, était lui un grand fan de l’acteur qui ne sera donc jamais inquiété. Mais de temps à autres, le golf reprend le dessus et Murray s’est offert le prestige de remporter l’édition 2011 du tournoi en duo avec D.A Points, originaire de l’Illinois comme lui. Un succès anecdotique pour ce trublion des greens. Lui qui n’a jamais était récompensé par un oscar pour sa carrière au cinéma mériterait largement d’être honoré pour ses facéties sur les parcours. Grâce à lui, durant quelques heures, les fairways de la baie de Monterrey semblent se transformer en plateaux de tournage hollywoodiens.