Hugo Desnoyer, le plus célèbre des bouchers, est aussi un passionné de golf. Et avec lui, les escalopes ont une toute autre saveur…
Propos recueillis par Antoine Davot & Lionel Chamoulaud.
L’homme se caractérise lui-même comme maître artisan boucher et non comme un marchand de viande. Belle définition. En tout cas, il a le mérite d’avoir donné des lettres de noblesse supplémentaires à ce beau métier. Oui sa viande est fabuleuse, oui il est cher, oui il est la star des bouchers, oui il fournit toutes les plus belles tables étoilées, oui il fourmille d’idées et de projets depuis qu’il a récupéré la jouissance totale de son nom. Il est en Chine, au Japon, il ouvre de nouveaux lieux parisiens, des Meatbars, il intensifie sa boutique en ligne et ouvre des boucheries sans boucher avec une viande sous cellophane. Avec ces quelques lignes, on sent à quel point Hugo Desnoyer est un hyper-hyper-actif, alors comment fait-il pour ne pas exploser en vol ? Hugo joue au golf. Rencontre avec un épicurien handicap 12.3 qui coupe aussi les fairways en deux…
Comment a eu lieu votre rencontre avec le golf, vous venez d’une famille où l’on joue ?
Pas du tout. En fait, cela s’est fait en deux temps. Quand j’étais enfant, je suivais les retransmissions de golf sur Antenne 2 avec quelques tournois majeurs. Je voyais Ballesteros, Langer, l’anglais pas très sympa (Sir Nick Faldo). Vraiment, cela me faisait rêver, mais à cette époque, j’étais dans un milieu dans lequel on ne jouait pas au golf et où on pensait même que ça n’était pas fait pour nous. Ma véritable rencontre avec ce sport, c’est grâce à ma femme. Elle joue, ainsi que sa famille et un jour, comme j’avais envie d’essayer, elle m’a fait taper des balles dans le jardin de ses parents. J’ai plutôt bien frappé, apparemment j’avais certaines facilités, j’ai décidé de m’y mettre.
Vous avez donc suivi des cours ?
Oui, absolument indispensables pour avoir les bonnes bases techniques. Et le golf est entré dans ma vie, il a guidé nos loisirs. Pour les vacances, on choisissait toujours une destination golf.
Vous le pratiquez dans quel état d’esprit, la compétition avant tout ou le besoin de se vider la tête ?
D’abord pour se vider la tête ! Mais effectivement il y a aussi l’aspect challenge et compétition. Pour moi les compétitions, c’est avec les potes. Par exemple avec 10 fournisseurs et 10 chefs de cuisine, on se fait 4 jours de Ryder Cup, avec la même formule. On a fait ça en Espagne, à Marrakech, au Portugal. Cette année ce ne sera pas possible mais la prochaine édition devrait avoir lieu à Ténérife.
Priorité aux copains donc ?
Oui bien entendu. Mais je me suis vite rendu compte que socialement et sur le plan relationnel, le golf c’est formidable. J’ai récupéré pas mal de client grâce à ce sport, on me demande parfois de faire des parties vraiment pour le boulot. Et puis, je suis très fier d’avoir rencontré le gratin du golf français. Olivier (ndlr Denis-Massé, Directeur délégué de la ffgolf) m’a présenté Alexander Levy, Romain Langasque. Si on croise Thomas Levet au club, il arrive parfois qu’il nous donne une leçon avec ma femme, c’est fabuleux. J’ai la tête dans les étoiles, je suis un fan, pour moi ce sont des stars.
Et vous avez également été ambassadeur de la Ryder Cup ?
Oui, c’était un immense honneur. Nous avons même organisé une soirée de lancement ici dans mon établissement, avec le Trophée. Merci à Olivier Denis-Massé et Pascal Grizot d’avoir pensé à moi. J’ai passé un week-end incroyable au golf National.
Vous avez donc vu vos idoles ?
Ah oui, c’était un bonheur, même si mes favoris n’étaient pas là. J’ai toujours eu une immense admiration pour Big Easy, Ernie Els, et pour Hideki Matsuyama. Pour le style de Els, quelle facilité apparente et pour le japonais, je le trouve humble, calme, appliqué, sobre. J’étais ravi pour lui qu’il s’impose à Augusta.
Parvenez vous à jouer régulièrement ?
J’essaie autant que possible, mais je dois tenir compte de ma fatigue accumulée sur la semaine. Si je prends mon dimanche et mon lundi, je joue beaucoup moins bien le dimanche. Je suis marqué physiquement et cela se ressent sur mon jeu.
A quel endroit jouez-vous ?
Avec ma femme et notre fils, nous sommes inscrits au Golf de La Boulie. D’ailleurs par passion et amitié, j’ai aidé les frères Rozner. Lorsque Olivier était sur le Challenge Tour, avec deux copains nous l’avons soutenu financièrement, ce qui lui a donné une bouffée d’air. C’est devenu un ami et notre pro. Et puis Antoine est arrivé. Là aussi, nous l’avons soutenu et hop, c’est parti pour lui. Vraiment, Antoine m’a énormément impressionné !
Et l’accueil au Racing ?
Très bien ! Nous avons opté pour ce club pour son aspect sportif, pour les enfants, pour notre fils Edgar qui a 12 ans et tape déjà très bien et loin, à environ 220 mètres. Ce qui m’a amusé c’est que j’ai retrouvé plein de personnes que je connaissais, en fait des clients.
Question pas évidente : existe-t-il des points communs entre votre métier et le golf ?
Je dirais que oui. Il y a le côté méticuleux. Un rapport à la dextérité, la précision. Je le sens surtout sur les greens. Je suis assez précis au putting, sans doute pour avoir des sensations dans les mains.