Tout au long de l’Open, notre correspondant Richard Wax vous fait vivre les coulisses de la 146ème édition de tournoi anglais.
Mercredi – Drame à l’OPEN !
La journée d’entraînement pour le début de l’Open aujourd’hui a été amputée par une violente tempête et une pluie abondante. Les tribunes ont été évacuées et les spectateurs ont été priés de se mettre à l’abri. De mauvais augure pour la suite…
Ce matin (hier), j’ai assisté à une succession de conférences de presse des joueurs majeurs répondant aux questions des médias du monde entier. On se serait d’ailleurs parfois cru à une séance de psychologie avancée…
J’ai écouté les déclarations de Jason Day, Dustin Johnson, Rory McIlroy et Jon Rahm et une phrase m’a marquée :
« Le golf est un marathon : rester concentré, avoir de la discipline et de la motivation, ce sont des qualités qui vont et viennent et ne fonctionnent pas toujours ou pas toujours en même temps. Le golf est un sport bien plus mental que physique. Il faut avoir confiance en son swing, se sentir libéré dans sa tête et, bien sûr, travailler dur… ».
Cette réfléxion me rappelle ma rencontre avec Bubba Watson la veille (mardi). Durant l’heure et demi que j’ai eu la chance de passer avec lui (aux côtés d’autres journalistes), il a semblé très sincère et franc dans ses réponses. Il maintient un équilibre entre sa famille et son métier qui exige beaucoup de temps. Il est sensible aux critiques qu’il juge infondées et a appris de son père que personne ne peut plaire à tout le monde. Contrairement à d’autres jouieurs professionnels qui n’attachent pas beaucoup d’importance au développement de la discipline, Bubba considère au contraire que c’est une mission fondamentale.
La discipline à un tel besoin de modèles pour inspirer les générations futures. L’accent semble trop mis sur l’argent, les gains et les bénéfices des uns et des autres, renvoyant le message aux plus jeunes que l’amour de ce jeu n’est motivé que par la question financière. Alors que 99% des amateurs jouent pour le plaisir de se retrouver, de faire de l’exercice, de passer un moment de sociabilité à travers ce sport. Bubba Watson représente parfaitement cette catégorie de joueurs pour qui, semble-t-il, le plaisir prendra toujours le dessus sur le revenu.
Dans l’après-midi, je me suis rendu sur le practice. Sous le regard attentif de leurs coachs, les joueurs travaillent jusque tard dans la soirée malgré les très mauvaises conditions et les risques d’alerte météo.
En 1991, j’ai assisté ici-même les dernières parties. Devais-je suivre Seve ou cet Australien à l’étrange polo fuschia ? Disons que j’ai été chanceux car j’ai opté pour Ian Baker-Finch qui a joué l’aller en 29 coups (soit cinq sous le par) ! Je me souviendrais toujours de son fabuleux birdie sur l’interminable par 4 en montée du trou n°6…
Quand son coup de départ sur le trou n°10 a terminé sa course dans un bunker de fairway, il a pris son temps et décidé de jouer un coup sans danger plutôt que d’attaquer et de prendre tous les risques. Sa stratégie s’avéra payante puisqu’il est devenu cette année-là le nouveau vainqueur de l’Open grâce à ses deux derniers tours en 64 et 66.
Dimanche, le vainqueur peut surgir de n’importe quel contrée de la planète. Selon toute vraisemblance, la victoire dans cette 146ème édition se jouera encore à très peu de coups. Il peut s’agir d’un putt qui fait une virgule, un mauvais lie dans le rough ou un drame dans les dunes.
Comme ils disent en Écosse à ceux qui se plaignent de la malchance : « Oui monsieur, le golf n’est pas censé être juste ». Tout est dit, et c’est plutôt rassurant…
Par Richard Wax, traduction d’Antoine Lascault