Jeudi débute le Masters, premier Majeur de la saison à Augusta (Géorgie, USA). Parmi les partants cette année un rookie tricolore ambitieux et excité à l’idée de fouler les fairways du mythique tracé américain au côté de ses idoles. Rencontre avec Romain Langasque.

Quel est l’objectif cette semaine à Augusta : le résultat ou le plaisir avant tout ?

Bien entendu, n’importe quel sportif va sur un tournoi pour gagner mais je vais avant tout essayer de prendre du plaisir. C’est le tournoi que je regardais à la télévision quand j’étais petit. Avant d’aller le jouer, il y a déjà des millions de personnes qui rêveraient juste de s’y rendre pour y assister. C’est un rêve qui se réalise mais attention  je ne vais pas y aller à la défensive. L’idée est aussi de passer le cut et signer un bon résultat.

Qu’est-ce qui fait que le tournoi est si spécial pour un joueur professionnel ?

Déjà le lieu. C’est un parcours mythique et le fait qu’il soit injouable hors Masters -contrairement à Saint-Andrews par exemple- renforce ce côté à part. Et puis c’est une ambiance, une atmosphère, un respect des membres unique. Sans parler de la qualité du terrain de jeu, des greens…

Une belle délégation t’accompagne n’est-ce pas  ?

En effet, c’est un peu l’expédition. Je pars avec mes parents, leurs amis, mon meilleur pote, ma copine, sans oublier mon caddy. C’est une chance que j’ai et je veux en faire profiter mes proches qui sont tous des passionnés. Je veux que tout le monde en profite.

Combien de reconnaissances du tracé as-tu prévu ?

J’ai joué mercredi et jeudi derniers, mais en « mode détente » avec mon papa pour découvrir le parcours, commencer à me familiariser avec les lieux. Après avoir coupé 48h je suis revenu à Augusta hier. Je vais faire 72 trous entre aujourd’hui et demain et participer au concours de par 3 mercredi. Au final j’aurais joué entre 90 et 100 trous avant le début du tournoi jeudi. J’ai la chance de pouvoir jouer le parcours autant que je veux dans la journée donc autant te dire que si je me sens bien physiquement, je vais y aller !

Tu es plutôt du genre à  étudier le parcours sous toutes ses coutures ou davantage dans le feeling, le ressenti ?

Je suis plus dans le feeling, dans le coup d’oeil. C’est plus le rôle du caddy de prendre des mesures très précises.

A combien de « tests » avez vous le droit ?

Chaque joueur qualifié à le droit à cinq journées plus les reconnaissances à partir du dimanche. A partir du moment où l’on est qualifié, dès le 1er janvier 2016 nous avons le droit de venir jouer. Mais j’ai préféré ne pas le jouer trop tôt. Cela aurait été contre-productif selon moi puisqu’entre janvier et avril, le parcours n’est pas le même et change beaucoup. Les conditions sont différentes, la fermeté n’a rien à voir, etc…

Le parcours devrait convenir à ton jeu…

Oui, à priori c’est un parcours taillé pour les joueurs de draw et c’est naturellement mon cas. Après, un bon joueur de golf est bon sur tous les types de parcours. Mais cette caractéristique semble en effet me donner un avantage. Il y a également beaucoup de dénivelés et de pentes, donc des coups créatifs à jouer et c’est également un des aspects de mon jeu. Après ce que je ne connais pas c’est la réaction de ma balle, l’atmosphère, le bruit…

As-tu reçu des conseils de la part des français qui ont déjà joué le Masters (Thomas Levet, Grégory Havret, Victor Dubuisson) ?

Non pas vraiment de conseils car le parcours change chaque année donc c’est difficile de se référer aux précédentes éditions. Nous avons plus partagé ce que eux ont vécu, et presque les regrets qu’ils auraient pu avoir. Aussi, ils ont été unanimes sur un chose : « profite du concours de par 3 tu vas te régaler ! » Il paraît que l’atmosphère est géniale, on sort du golf classique, c’est festif les gens crient, te huent si tu rates un coup. C’est dans ce type d’ambiance que le golf se projette.

Sais-tu avec qui tu vas jouer les reconnaissances ?

J’ai demandé Rory McIrloy, Jordan Spieth et Bubba Watson. Le mardi je vais jouer avec Victor pour  vivre une partie sympa où je peux jouer relâché et partager avec lui son expérience. Parce que quand tu joues avec Rory ce n’est pas la même chose, tu as 5000 personnes qui suivent ta partie d’entraînement. L’idée n’est pas non plus de se mettre la pression dès le lundi matin.

A l’inverse des joueurs avec qui tu n’aimerais pas trop jouer ?

Je dirais un ancien… J’ai envie de côtoyer un joueur moderne, de ma génération, un mec qui envoie des parpaings comme Rory.

Quels sont les coups mythiques qui t’ont marqué ?

Le chip de Tiger Woods au 16 en 2005, le coup de fer de Bubba Watson en playoff en 2012 ou le deuxième coup de Cabrera au 18 face à Adam Scott en 2013. J’ajouterai le coup de fer 4 d’Oosthuizen sur le trou n° 2 en 2012 pour faire albatros.

Un trou qui te fait particulièrement rêver ?

Je dirais le 16 (par 3). C’est mythique. Le coup est court, à l’entraînement je pense que 8 fois sur 10 tu mets la balle au poteau mais pendant le tournoi ça doit être une autre histoire.

Propos recueillis par Antoine Lascault