Donald Trump Golf
Les sorties golfiques de Donald Trump mobilisent une armée de gardes du corps qui le suit pas à pas sur les fairways.

Donald Trump pratique le golf comme il fait du business ou de la politique. Tous les coups sont permis, pourvu qu’on sorte gagnant à la fin…

A l’instar de l’ensemble des présidents américains, Donald Trump est l’un des personnages publics les plus médiatisés au monde. C’est le destin de ceux qui accèdent au statut « d’homme le plus puissnat du monde ». Or, bien avant de devenir le locataire du bureau ovale pour quatre années (au minimum, réponse en Novembre prochain) l’homme s’était bâti un empire (avec l’aide de papa tout de même) et fait un nom plutôt ronflant dans les affaires, devenant bientôt l’une des plus grosses fortunes mondiales (elle est aujourd’hui estimée à plus de 3 milliards de dollars).

La réussite semble donc totale pour celui qui est né à New York il y a 73 ans. Une ascension vertigineuse malgré tout loin d’être de tout repos et fabriquant une longue liste de rivaux et d’ennemis. Certainement le prix à payer quand on ambitionne de devenir puissant par l’argent ou par le biais du pouvoir… Ces deux carrières ont fait et font toujours l’objet de vives critiques. Pour beaucoup parmi ceux qui l’ont côtoyé ou croisé dans ces deux domaines, ou pour une grande part de la population, celle des communs des mortels qui assistent à sa politique, goûte à sa vision très particulière de l’Amérique et du Monde, l’homme, clivant et adepte de la polémique, ne gagne pas être connu. Et cette antipathie qu’il semble avoir l’art de susciter ne se limite pas aux sphères de la politique ou des gros sous. En effet, une autre communauté ne porte pas vraiment le 45ème président des Etats-Unis dans son cœur. Il s’agit de celle des golfeurs. Pourtant, il semble bien être l’un des leurs. A première vue seulement… C’est surtout connu outre-Atlantique, Donald Trump est un véritable mordu de golf. Il a même investi une partie de sa fortune personnelle pour créer la société Trump Golf, soit la plus belle collection de parcours appartenant à un « particulier ». Entre les Etats-Unis, l’Ecosse (sa mère est écossaise) et Dubaï, 16 clubs portent son nom tandis que deux projets sont en cours en Indonésie. Dès qu’il en a l’opportunité, il enfile sa casquette rouge et file sur ses parcours, avec une préférence pour sa propriété de Bedminster, dans le New Jersey. Le problème c’est que l’occasion se présente un peu trop souvent au goût du contribuable américain, surtout lorsque celui-ci est démocrate. Si ses prédécesseurs, J.W Bush ou Barak Obama ont eux aussi été pointés du doigt pour leur passion de la petite balle blanche un peu trop envahissante, jamais les attaques n’avaient atteint un tel degré. Surtout elles n’étaient pas vraiment mises en perspective avec la gestion du pays. Il faut dire que, outre l’incompréhension pour certains de voir Trump tout sourire sur les fairways dans des moments délicats pour la Nation, le montant de la facture est également salé. Selon une enquête du Huff Post en 2019, les petites escapades golfiques de D.T auraient coûté la bagatelle de 115 millions d’euros depuis son élection en 2017. Une simple partie de golf mobilise en effet une horde d’accompagnateurs, gardes du corps, agents secrets, police locale, soit des frais importants, c’est le moins que l’on puisse dire à la lecture de ce chiffre. Sans oublier au passage, que se sont le plus souvent les entreprises Trump qui encaissent de juteux bénéfices à ces occasions puisque c’est bien toujours chez lui qu’il s‘offre ses sorties. Ces caprices onéreux passent mal, surtout auprès des non-golfeurs qui représentent bien entendu la majorité des électeurs (même aux Etats-Unis). Sous le feu des critiques, le président à la chevelure peroxydée tient bon. Il en a vu d’autres et n’en a que faire. Et puis, un Trump ne se couche jamais devant l’opinion publique. La stratégie, peut-être issue de celles pratiquées dans le monde des affaires allez savoir, semble justement d’aller à son encontre.  Il continue donc, contre vents et marées, à s’adonner à son loisir favori.

Très habile pour s’accommoder des règles et de l’étiquette

Si l’on se penche plus précisément sur l’opinion des golfeurs (les pratiquants) cette fois, les griefs se trouveraient plutôt ailleurs. Il faut dire que le président ne rend pas vraiment hommage au jeu de golf et à son esprit, que ce soit dans le business pour gérer ses propriétés, ou sur les fairways durant ses parties.

Le Président est connu pour être un fieffé tricheur.  Il en va de même pour la fameuse étiquette, notion chère aux pratiquants, qu’il bafoue allègrement. Dans son excellent livre Commander in Cheat, How Golf Explains Trump, Rick Riley, ex-journaliste à Sports Illustrated tente de décrire la personnalité du Président Américain à travers son comportement sur les parcours. Un recueil de témoignages accablants pour D.T, dépeint, entre autres amabilités et gestes de courtoisies, comme un tricheur compulsif. Partenaires de jeu, accompagnateurs, observateurs… ceux qui ont déjà eu l’honneur (?) de le côtoyer sur un parcours en sont restés coi. Ils décrivent un homme fourbe comme pas deux et vantard. Il explique posséder un index à 2,8 mais ses partenaires de jeu ne lui donnent pas mieux qu’un index de 10. Il faut dire qu’il possède le parfait arsenal du petit tricheur. Les témoins rapportent qu’il déplace sa balle avec ses pieds, fait de même avec celle de ses adversaires – surtout quand celle-ci est mieux placée que la sienne -, et possède toujours un projectile de secours dans la poche qui lui permet de toujours remettre la main (ou le pied en l’occurrence) sur ses balles à priori perdues. Elles sont souvent retrouvées près des drapeaux, dit-on… Enfin, il aurait une propension assez fascinante à se donner des putts que le golfeur lambda n’oserait même imaginer rentrer en deux coups. Une technique redoutable et imparable pour afficher un tel index ou se vanter d’avoir été champion de club à 18 reprises. En termes de comportement, le résident du 1600 Pennsylvania Avenue, Washington, D.C, n’hésite pas à rouler sur les greens avec sa voiturette. Après tout c’est lui qui paye non !

Il semblerait que cet odieux comportement, le président américain en use pour mener ses affaires liées au golf. Si aux Etats-Unis il semble difficile de lui refuser un projet, certaines de ses propriétés à l’étranger ont fait l’objet de vives critiques, voire davantage.  Ce fut le cas en Ecosse lors de la construction de son parcours à Aberdeen où il fut accusé par les écologistes et protecteurs du patrimoine du pays d’avoir détruit et défigurer ce bout de terrain niché dans les dunes de l’Aberdeenshire. A Doonbeg, en Irlande, il n’a pas eu peur d’exiger des autorités la construction d’un mur de pierre de pierre de 28 kilomètres dans la baie de Doughmore pour protéger son terrain de jeu contre l’érosion engendrée par la proximité de la mer. Là encore, la levée de bouclier des écologistes contre ce projet menaçant l’écosystème local a incité les autorités à lui refuser ce privilège. Que serait-il arrivé sans cette intervention salutaire ? Enfin, sur son golf de l’île de Jupiter en Floride, les membres se souviennent encore de l’arrivée du nouveau propriétaire en 2012. Après avoir acquis le club pour une bouchée de pain (5M$), il les aurait spoliés en refusant de leur rembourser des actions acquises auprès de l’ancien propriétaire, pour un montant total de 45M$.

Alors, quand on triche à ce point et si souvent, aussi ostensiblement et avec un tel aplomb, on ne parle plus d’habileté mais carrément d’art. Donald Trump est passé maître dans l’art de tricher, de mentir, de manipuler et de profiter de son statut pour arriver à ses fins. Rick Riley l’a parfaitement compris, Finalement, Donald Trump homme d’affaire, président, ou golfeur, c’est le même homme, celui qui a bâti sa puissance en franchissant allègrement mais avec habileté les hors limites.