Peux-tu te présenter rapidement pour ceux qui ne te connaîtraient pas ?
Je m’appelle Adrien Saddier, 24 ans, originaire de Haute Savoie. Je joue actuellement sur le Challenge Tour, la deuxième division européenne. Je suis passé pro en juillet 2013 après une bonne carrière amateur où j’ai été numéro un français, 10eme mondial et un index de +6,5.
Comment en es tu arrivé au golf ?
Mon père m’a fait commencer à 4 ans à Esery. Je ratais même les cours le samedi pour aller jouer avec lui tous les week-ends !
Comment s’est faite la transition du monde amateur au monde pro ?
Elle a été rapide. Je suis passé pro en jouant sur invitation sur le Challenge Tour grâce à la Fédération Française de Golf et en novembre je réussissais les qualifications pour l’European Tour. C’était assez compliqué de trouver ses marques sur un circuit où je rêvais de jouer mais d’un autre côté c’était un régal.
Quelles sont les plus grosses difficultés par rapport aux amateurs ? A l’inverse, quels sont les avantages de passer professionnel pour toi ?
Un par sur le Tour peut te faire gagner des places alors que sur le Challenge tu en perds 10.
La première difficulté c’est de s’adapter à ce nouveau monde. Tout est différent surtout sur l’European tour. Les parcours sont plus durs, plus exigeants. On a des concurrents plus âgés avec plus d’expérience. Je suis arrivé un peu la fleur au fusil pour voir comment ça se passait. Heureusement le clan français est génial et prêt à t’aider. Sur le Challenge Tour, les golfs sont plus tolérants, on peut s’en sortir si le driving est moyen par exemple. Ca ressemble plus à un concours de putts. Un par sur le Tour peut te faire gagner des places alors que sur le Challenge tu en perds 10. L’avantage de passer pro c’est de vivre de sa passion… Je ne me vois pas du tout derrière un bureau toute la journée. Jouer au golf tous les jours c’est quelque chose de génial en soi, même si il y a des moments compliqués. Mais c’est partout pareil.
« Je rêve de partager une partie avec Tiger Woods »
Quelle place a le golf dans ta vie ? Tu partages ta vie avec Marie Fourquier, une joueuse professionnelle, est-ce que tu arrives parfois à « sortir » du golf ?
Le golf à une très grande place dans ma vie. Depuis que je suis passé pro je passe 26 semaines par an loin de chez moi donc la moitié de l’année. Je pense beaucoup au golf, comment m’améliorer, rechercher les points forts et les points faibles des dernières semaines. Je partage ma vie avec Marie et on est là l’un pour l’autre. C’est important d’avoir quelqu’un qui comprends ce que tu fais, pourquoi tu pars si souvent même si c’est dur. On s’entraîne ensemble mais on sort un peu de ce monde par moments. Il ne faut pas non plus s’enfermer dans le golf tous les jours. On joue beaucoup au tennis ensemble. On essaye de sortir, faire autre chose… c’est important de se vider la tête pour repartir en tournoi.
Retrouvez l’interview de Marie Fourquier dans notre rubrique « A la rencontre de… »
Quel est ton meilleur souvenir en carrière ?
J’ai réussi les qualifications du Tour Européen avec mon ancienne coach sur le sac. On avait passé une belle semaine. Sabine est comme une deuxième mère, elle m’a entrainé pendant 15 ans, je lui dois beaucoup. Il y a des petits moments aussi, par ci par là… Au Qatar, je suis en avant dernière partie, et malgré une mauvaise journée, je fais l’un des plus beaux eagle de ma vie au 18 devant les tribunes. J’ai toujours la vidéo dans mon téléphone ! Ou cette année à l’Open de France au départ du 1 le samedi alors que je suis aux portes du top 10. Il y a énormément de personnes au départ du 1, le coeur commence à battre et le fairway se rétrécit. Ce sont des moments comme ça que l’on veut vivre quand on est pro.
Quels sont tes objectifs à moyen terme ? Et à long terme ?
Mon seul objectif est de remonter sur le Tour Européen. Je suis 17eme du ranking et les 16 premiers montent. Après on verra où le golf me mène..
Quel serait ton « rêve de golfeur » ?
Partager une partie avec Tiger Woods.
Quels sont tes points forts et tes points faibles ?
Je pense que mes points forts sont le chipping et mon jeu de fer. Je prends beaucoup de greens en régulations. Et mon chipping est assez solide j’arrive a varier les coups sur ce niveau là. Mentalement, j’ai encore quelque progrès à faire même si il y a du mieux. J’ai fais une saison 2015 horrible qui m’a déprimé. Je commence à être plus fort, à m’accrocher quand ça ne va pas mais, par moments, je sens que je pourrais faire mieux.
« Les gens ne connaissent pas la Ryder Cup et les enjeux qui vont avec »
Comment vois tu l’avenir du golf en France ?
L’avenir du golf français va être radieux. Les Français gagnent plus qu’avant, ils performent dans le haut niveau. Des jeunes arrivent sur le Challenge Tour. Ca va être très, très fort.
La Ryder Cup en 2018 peut-elle permettre un bond de popularité pour ce sport qui souffre encore d’une réputation « fermée » en France ?
Je ne pense pas… Les gens qui ne connaissent pas le golf ne connaissent donc pas la Ryder Cup et les enjeux qui vont avec. Je pense en revanche qu’elle va aider pour le golf français. Ca va être un objectif pour les mecs sur le Tour, ça va booster le clan français.
Quelle a été ta réaction à l’annonce de nombreux joueurs qui ont choisi de ne pas disputer les Jeux Olympiques cet été ?
J’ai trouvé ça nul. C’est quand même les Jeux, ça se passe tous les quatre ans. Ca doit être fantastique à vivre… Il y avait certes un problème de date mais l’effort d’y aller était à faire.
Question traditionnelle de cette rubrique : quel est ton club préféré ? Et à l’inverse celui que tu n’aimes pas sortir ?
Mon club fétiche c’est le 60. Je fais tous mes chips avec, je ne peux pas me passer de lui. Et j’aime à peu près tous les clubs.
Propos recueillis par Raoul Villeroy de Galhau