Le bientôt septuagénaire Greg Norman tient encore une forme quasi olympique.

Qui du golfeur ou du businessman Greg Norman aura réussi la plus belle carrière ? Difficile à dire…

Pour les golfeurs de ma génération, c’est-à-dire celle des années 90, j’imagine que l’image laissée par Greg Norman est la même : celle d’un joueur flamboyant, agressif sur le parcours, au teint halé, à la crinière de surfer, coiffé de son mythique chapeau et qui, surtout, dominait ses adversaires jusqu’à s’installer au sommet du golf mondial. Autant dire un joueur qui se démarquait clairement au milieu des autres, dont je ne connaissais d’ailleurs pas trop les noms. J’ai finalement retenu celui de Greg Norman. Que l’on aime ou pas le golfeur ou le personnage de celui qui sur les parcours se fait appeler le « White Shark » – une référence à son pays l’Australie – il semblait, selon moi,  impossible à l’époque de rester indifférent face à un joueur justement si différent. Peut-être parce que son destin, lui aussi, est plutôt original.

L’Australien, aura connu une trajectoire peu ordinaire, c’est le moins que l’on puisse dire. Et ce depuis ses débuts clubs en main, jusqu’à aujourd’hui. A la différence de la plupart des adversaires sur les fairways, Norman est un talent découvert sur le tard. En effet, ce n’est qu’à l’âge de 15 ans qu’il tape ses premières balles grâce à sa mère, dans le Queensland, son lieu de naissance. Il ne tarde pas à montrer des aptitudes et réussit l’exploit de passer, en seulement 18 mois, de 27 de handicap à… 0 ! Autant dire que le jeune homme se démarque déjà et l’on entrevoit rapidement une carrière de joueur professionnel qui se dessine. Et le futur n’aura pas fait mentir ses admirateurs, c’est le moins que l’on puisse dire : cinq ans après avoir pour la première fois tenu un club de golf entre ses mains, Greg Norman remportait son premier tournoi professionnel, le Lake West Classic à Adélaïde. Qui dit mieux ? L’Australien explique que c’est en dévorant les livres de Jack Nicklaus Golf My Way et My 55 Ways to Lower your Golf Score et en se rendant à tous les « clinics » (démonstration de joueur professionnel) possibles qu’il a progressé à la vitesse de l’éclair. Quoi qu’il en soit l’exploit est immense et, vous vous en doutez, unique.

Cette trajectoire ascendante va se poursuivre. Après qu’il ait rejoint l’European Tour en 1977, il y remporte son premier tournoi, en Ecosse. Mais c’est bien une victoire à l’Open de France 1980 au golf de Saint-Cloud, avec dix coups d’avance sur son dauphin, qui marquera les esprits. A l’image de son apprentissage, tout semblait devoir aller vite. Après avoir terminé en tête de la « Money List » sur le circuit du vieux continent en 1983, Norman décide de rejoindre le PGA Tour. Résultat : première victoire outre-Atlantique la saison suivante. Après avoir tutoyé les avant-postes à de nombreuses reprises, le « White Shark » remporte son premier Majeur lors de l’Open 1986 à Turnberry, en Ecosse. Un autre suivra en 1993. Mais, bien que nanti de 88 victoires en carrière, il gardera l’image d’un éternel second, celle cruelle du « Poulidor » des tournois du Grand Chelem, ayant échoué pas moins de 7 fois à la plus frustrante des positions. Un échec au regard de son talent et de la domination affichée par l’Australien au début des années 90. Mais qui néanmoins, ne l’aura pas empêché de s’asseoir durant 331 semaines sur le trône de n°1 mondial entre 1986 et 1997. Une carrière saluée par de nombreux prix et qui l’a conduit jusqu’au prestigieux World Golf Hall of Fame qu’il intègre en 2001

A l’issue de sa vie de golfeur, Greg Norman en a débuté une seconde de « businessman » en créant la Greg Norman Company, une entreprise versant dans plusieurs types d’activités, entre décoration d’intérieur, textile, investissements divers, architecture de parcours, restaurants de viandes… Le nom de « White Shark « et son logo très identifiable sont devenu des marques mondialement connues de vêtements. Le Requin est également allé promener son aileron vers des rivages plus inattendus. Ceux de l’immobilier (avec la Southern Cross, une société qui construit des propriétés aux U.S.A et en Australie), ou ceux des pelouses synthétiques qui équipent certains parcours de golf bien sûr, mais aussi des terrains de football américain. Bref, si la liste n’est pas exhaustive, elle suffit à parfaitement symboliser le succès de cet après carrière.

Car c’est sans doute en matière de « business » que son surnom de requin prend toute sa dimension. Mais dans quelles eaux le squale se sent-il le plus à son aise ? Difficile à dire. Lui n’a pas tranché et semble apprécier autant les deux exercices. « J’ai toujours dit que les « 9 premiers trous de ma vie » s’étaient faits sur les parcours et que mon « retour » se ferait hors des golfs. Les vies de businessman et de golfeur professionnel ont de nombreux points communs : il faut de la détermination, du sang froid et une bonne capacité de jugement. Des qualités que j’ai montrées en tant que golfeur et que j’utilise aujourd’hui pour le business« . La recette semble parfaitement fonctionner. L’ensemble, installé en Floride, rapporterait en effet des centaines de millions de dollars par an. De quoi continuer à surfer sur le succès. Qu’on se le dise, le requin blanc n’est pas rassasié…