Oakmont Country Club , théâtre de l'US Open 2025
Oakmont Country Club (USA)
Dans chaque numero, l’architecte Mark Adam nous fait partages ses reflexions et enseignements sur différents tracés. Parcours le plus retenu par l’U.S.G.A pour l’organisation de ses tournois majeurs, Oakmont  cette année encore le théâtre de l’U.S Open. L’occasion de se pencher d’un peu plus près sur l’histoire et l’évolution de ce terrain de jeu mythique (extrait du Hors Série parcours 2025 daté mai).

 

Fairways-Magazine

Du 12 au 15 juin prochains, l’Oakmont Country Club accueillera la 125ème édition de l’US Open pour la dixième fois, un record. Établi et conçu par Henry Fownes en 1903. Oakmont est considéré comme le plus ancien parcours de golf en tête des classements aux États-Unis. Il possède par ailleurs la réputation d’être l’un des parcours de golf les plus difficiles au monde. Lors du dernier U.S Open qui s’est déroulé sur le tracé situé en Pensylvannie, en 2016, seuls quatre joueurs ont terminé sous le par. Le parcours et aussi connu et reconnaissable parmi ses pairs pour son célèbre « Church Pew Bunker » qui se trouve entre le troisième et quatrième fairway et qui mesure 91 mètres de long et 37 mètres de large et comporte 12 crêtes traversantes recouvertes d’herbe ressemblant à des bancs d’église.

Récemment, l’architecte américain Gil Hanse a été chargé de restaurer et de rénover partiellement le parcours. Après de nombreuses recherches sur de vieilles photographies et des données historiques, il a observé que la plupart des bunkers avaient perdu leur style d’origine et que les greens étaient devenus plus petits. Avec l’accord des membres, il a donc entrepris de restaurer le parcours pour le rendre plus conforme à l’intention originale de Henry Fownes. Il l’a également fait évoluer.

Le parcours, un par 70 qui ne comporte que deux pars 5, a été étendu à 6741 mètres. Les greens ondulés n’ont pas été reconstruits mais plutôt agrandis pour atteindre une surface moyenne de 770 m2 par green, avec un semis de Poa Annua du Nord-Est, et mesurés à la vitesse 14+ sur le « stimpmeter » (outil permettant de mesurer la vitesse d’un green). De nombreux bunkers de fairway ont été déplacés afin qu’Oakmont reste adapté aux gros frappeurs d’aujourd’hui. La possibilité d’utiliser des lignes de jeualternatives le long des fairways adjacents a également été réduite.

Les changements notables concernent la reconstruction du « Hook Bunker » entre le 10ème et 11ème trou et l’ajout de nouveaux « bacs ». L’agrandissement des greens a engendré un changement significatif sur le par 3 du trou n°13. Seuls deux positions de drapeau étaient disponibles, côté gauche, elles sont désormais au nombre de six, y compris l’une identifiée comme plus délicate, au fond à droite, au milieu d’une cuvette, récompensant un bon coup mais presque inaccessible depuis d’autres parties du green. On notera également un changement notable dans la présentation du fairway depuis les tees du 7ème trou, un par 4.  Une nouvelle configuration qui offre désormais deux choix aux joueurs : jouer la sécurité en se positionnant court sur la droite. Mais cette option exigera une approche aveugle vers le green. Seconde option, jouer la gauche du fairway en portant un drive à près de 295 mètres pour survoler un bunker de fairway. Et se laisser une approche avec un fer court et un drapeau visible. Vous aurez l’occasion d’observer ces changements à la télévision.

Sachez que Oakmont est également célèbre pour avoir été le leader du mouvement de désarborisation des terrains de golf. Explications : Henry Fownes a conçu Oakmont comme un « inland links », mais à l’issue de l’U.S Open 1953 et des critiques formulées à l’encontre du parcours, il a été décidé « d’embellir » le terrain, ce qui s’est traduit par la plantation de quelque 5 000 arbres. Le parcours a été transformé et est ainsi passé d’un style links à celui de « parkland ». Les programmes de plantation d’arbres se sont poursuivis dans les années 1960 et 1970, dans le cadre du mouvement « Make America Beautiful », mais ils ont souvent été menés au hasard, avec des espèces différentes placées trop près les unes des autres. Or, la prolifération des arbres et les conséquences inquiétantes engendrées sur la qualité du gazon ont finalement déclenché l’une des renaissances architecturales les plus radicales de l’histoire du golf : la « désarborisation ». Un processus d’élimination des arbres à Oakmont a au milieu des années 1990….en toute discrétion pour éviter les critiques. Il est depuis devenu un exemple emblématique et réussi de cette tendance architecturale et de cette gestion des arbres.

Oakmont est leader en matière de désarborisation. Il a, et continue, d’inspirer de nombreux clubs qui enclenchent cette action vertueuse. L’abattage de certains arbres a transformé de nombreux terrains de golf historiques américains et permis d’avoir un site en meilleure santé. La prise de conscience de la nécessité d’une gestion plus rigoureuse, active et continue des arbres, n’a que trop tardé. Oakmont avait tout compris avant les autres.