A l’occasion de son 30ème anniversaire, zoom sur le Golf Le Frégate Provence, son histoire, son actualité, et son important plan d’action écologique, avec son directeur Franck Le Blevec.
Pouvez-vous en quelques mots nous présenter le Golf le Frégate Provence ?
Nous nous situons entre Marseille et Toulon. Pour ceux qui connaissent la région, nous sommes plus précisément entre Saint-Cyr-sur-Mer et Bandol. Le golf a vu le jour en 1992. Il a la chance de posséder 15 panoramas avec une vue à 180°. Et que ce n’est pas la grande bleue, vous avez vue sur les vignes ou sur le Bec de l’Aigle de La Ciotat. Mais la mer est omniprésente, elle vous accompagne tout au long de votre partie, c’est aussi ce qui rend le lieu unique. Ce décor est à retrouver sur nos deux parcours : Le Frégate (18 trous), construit en premier, et le Frégalon (9 trous) qui est apparu après.
Quel est le profil de votre clientèle ?
Frégate possède des abonnés. Nous sommes à 100% une structure commerciale puisque nous dépendons d’un resort qui inclut un hôtel****, deux résidences de tourisme****, pour un total de 160 chambres, et vous avez également une piscine intérieure, un espace bien-être et trois terrains de tennis. Il s’agit donc d’un équilibre assez savant à conserver entre les joueurs de passage qui sont à l’hôtel et nos abonnés qui nous accompagnent tout au long de l’année. Ces derniers sont très impliqués dans la vie du club. Lors de mon arrivée en 2019 nous possédions 280 abonnés, nous en sommes aujourd’hui à près de 400.
Est-ce que vous avez enregistré l’arrivée de nouveaux golfeurs ou le retour d’ex-golfeurs depuis l’épisode du Covid ?
En effet, nous avons connu ce phénomène. La raison est assez simple. Nous avons constaté que nous ne faisions pas assez de choses pour les nouveaux golfeurs. C’est un point que j’ai essayé d’améliorer depuis mon arrivée. Le format de l’enseignement et l’académie indépendante ne permettait pas forcément d’avoir la main sur ces sujets-là. Depuis janvier 2022, nous avons repris sous notre responsabilité cette partie enseignement. Nous avons donc désormais des enseignants salariés et des intervenants extérieurs que nous payons à la prestation. Cela nous offre l’opportunité de créer de nouveaux produits comme des abonnements carte verte pour l’apprentissage du golf. Nous avons simplement appliqué des recettes qui fonctionnaient bien avec une adhésion totale aux journées portes ouvertes dans l’année. Par ailleurs, oui nous avons également bénéficié de l’appétence pour les sports de nature. Effectivement, parmi les gens qui pratiquaient des sports de salle, se sont davantage tournés vers les activités en extérieures. La ffgolf, aux côtés d’autres fédérations, a fait un excellent travail pour très rapidement de nouveau autoriser la pratique du golf, ce qui suscité la curiosité et attiré des gens vers notre sport. Nous avons eu un afflux de population active notamment, mais surtout de femmes. Nous l’avons constaté dans l’augmentation du nombre de licenciés féminines (environ 10%). C’est donc un aspect positif.
Qu’en est-il de votre école de golf, un aspect primordial pour le futur ?
Il faut savoir qu’historiquement Frégate est une belle école de golf en France, mais qui avait un perdu de sa superbe ces dernières années. Grâce à un plan d’action enclenché en 2020, notamment lié à un changement de méthode et l’arrivée de nouveaux enseignants, nous avons réussi à la relancer. Nous sommes passés de 30 à 80 enfants. Le nombre aidant, nous commençons à avoir quelques jeunes qui émergent et que nous intégrons aux équipes sportives, le projet sportif ayant lui aussi été relancé. Nous avons commencé avec les anciens qui avaient déjà un très bon niveau et, petit à petit nous avons rebâti une équipe première. C’est le fruit du travail des enseignants qui ont donné confiance aux parents pour inscrire leurs enfants à l’école de golf et ont réussi à les fidéliser.
Cette année, le club fête ses 30 ans. Quelles festivités ont eu lieu pour célébrer cet anniversaire ?
Le projet des 30 ans est un projet qui a été monté entre le golf et l’association sportive. Je tiens à saluer cette collaboration. En ce qui concerne les festivités, nous avons fait le choix de tout rassembler sur une semaine (25 septembre – 1er octobre). Cela avait plus de sens et permettait d’avoir un fil rouge. Nous avons organisé cette semaine en septembre, après la rentrée. Nous avons créé des logos spécifiques pour l’événement pour des produits que nous distribué tout au long de la semaine à l’ensemble des participants (compétitions, initiations, école de golf…). Sur la semaine, nous mis en place les initiations gratuites sur les deux week-ends, fait la rentrée de l’école de golf, et nous mis en place de événements ludiques et sportifs. Tout cela jusqu’au pro-am du dimanche qui est venu clôturer une belle semaine durant laquelle toutes les générations se sont mélangées. Pour l’anecdote, nous avons opté pour le pro-am car cela n’avait jamais été fait à Frégate. C’était donc une première.
A l’instar de l’ensemble des golfs français vous êtes soumis à la transition écologique. A cet effet, quelles actions avez-vous d’ores et déjà mis en place et quelles sont celles à venir ?
C’est un sujet auquel nous pensons tous les jours. Cette question coûte beaucoup d’argent donc cela va hélas moins vite que ce que l’on voudrait. Nous avons l’inconvénient de ne pas appartenir à un groupe golfique donc nous devons convaincre nos propriétaires qu’il va falloir engager beaucoup d’argent pour à la fois respecter la loi et garder nos qualités de prestations. Il est important de comprendre que nous travaillons avec la nature et qu’il est hors de question de ne pas la respecter. Notre greenkeeper qui est là depuis 1992 m’a alerté mon arrivée sur cet aspect. Il connaît parfaitement le site et le comprend. Les premiers essais sur la question d’économie de l’eau remontent à 2007. Une époque où il n’y avait pas les techniques d’aujourd’hui et des graminées moins résistantes, les essais n’ont donc pas été concluants. Mais cela démontre que cette préoccupation ne date pas d’hier.
Quand avez-vous eu l’occasion d’amorcer ces changements ?
En 2019, nous avons pu lancer les premières actions grâce à une situation économique favorable. Nous avons notamment réhabilité un lac pour pomper l’eau. Il se trouve que ce lac était constitué de bâches et qu’avec l’usure nous avons constaté des fuites une perte estimée entre 20 et 30% du stockage sur l’année. La première étape concernait donc la réfection du lac lancée en janvier 2021 et depuis juin 2022 nous avons un lac étanche qui va nous permettre de travailler sur des économies d’eau.
La deuxième étape qui va répondre à l’ensemble des contraintes que l’on nous impose et qui se présente naturellement concerne l’inversion de flore. Si nous ne faisons rien aujourd’hui, avec les problématiques d’eau, de produits phytosanitaires, de réchauffement climatique, nous ne parviendrons pas à avoir un bon parcours. Aujourd’hui nous pouvons répondre à cela en changeant les graminées de toutes les zones de jeu excepté les greens. Mais sur les départs et sur les fairways nous pouvons planter des herbes que l’on trouve davantage dans les îles, de type Bermuda. Elles ont évolué depuis 2007 et nos premiers essais. En 2020, nous avons donc réalisé des tests sur des départs endommagés par des sangliers, et sur un fairway de par 3. Cela n’a pas pris aussi vite que prévu, mais après 2 ans de fonctionnement et après la saison que l’on a vécue, quand nous comparons un départ classique sur lequel vous mettez beaucoup d’eau et de produits phytosanitaires, que vous aérez, que vous réensemencer régulièrement… avec les départs qui sont en Bermuda sur lesquels nous avons fait un minimum de choses, il n’y a pas photo. C’est impressionnant, les nouveaux départs sont des tapis. Nous savons donc que c’est possible mais que cela se construit dans le temps. Mais clairement, en cochant cette case, vous répondez à une multitude de contraintes. In fine, cette action peut nous permettre de faire entre 30% et 50% d’économie d’eau.
Qui en plus sera combinée à un changement de système d’arrosage ?
En effet, notre système d’arrosage a 30 ans. Nous devons le changer et profiter des nouvelles technologies qui vous permettent de mieux consommer l’eau et de l’économiser. Donc finalement, le triptyque stockage-circulation-transport de l’eau fait que globalement vous consommez quasi 50% d’eau en moins, quasi plus de produits phytosanitaires, et vous parvenez à proposer une qualité de prestation élevée. Le projet est en cours.
Le site nécessite-t-il une gestion particulière ?
Il faut savoir que l’origine du site de Frégate est un important incendie qui a eu lieu à la fin des années 80 entre les communes de Saint-Cyr-sur-Mer et Bandol. Cet épisode les a beaucoup préoccupés et elles ont se donc mis en quête d’une solution pérenne pour éviter que cela se reproduise. Nous étions au cœur de la période d’essor du golf, qui constituait donc la solution idéale : un pare-feu, sans oublier son intérêt touristique bien entendu. L’incendie étant passé par là, il a fallu replanter et le choix s’est porté sur des pins. Or ces pins ont fini par prendre trop de place et le greenkeeper a été contraint depuis 6 ans d’entreprendre le nettoyage du parcours en supprimant des arbres. Cela permet d’améliorer l’expérience de jeu, et de baisser la consommation d’eau car le pin, très gros consommateur, prend l’eau aux essences voisines. Là encore, nous allons dans le sens d’une économie d’eau. Nous avons lancé un programme de replantation d’arbousiers, de chênes, d’oliviers, des espèces plus nobles, et surtout de la région. Depuis 2019, nous travaillons en outre sur la régénération des espèces : introduction de faisans, de carpes dans nos plans d’eau…
Comment réagissent vos membres face à ces contraintes ?
Je pense que nous sommes à l’image des autres golfs en France. Certains de nos pratiquants comprennent, d’autres moins. Mais aujourd’hui, quand je discute avec eux l’idée est de leur expliquer que nous n’avons pas le choix. Le discours doit être adapté aux abonnés. Lorsqu’on explique que tout ce qui est fait va dans le sens de l’amélioration, de la qualité du jeu, il finit par comprendre. Encore davantage quand 6 mois plus tard il peut observer la plus-value apportée par telle ou telle action. Le fait d’actionner des projets, cela génère pour nous de la crédibilité et d’avoir une adhésion plus importante au fur et à mesure qu’ils avancent et se multiplient. Tout cela a du sens pour maintenir la qualité de Frégate.
Vous êtes en passe d’obtenir un label pour confirmer et saluer votre démarche globale…
C’est exact. En 2021, la ffgolf est venu nous voir pour nous proposer de réaliser une étude du site par un organisme délivrant un label écologique. Nous nous sommes donc engagés dans ce projet et espérons voir le label être délivré en fin d’année. Nous avions déjà été approchés auparavant mais la démarche ne nous séduisait pas. Je suis persuadé que le monde du golf doit communiquer davantage sur les actions, les initiatives, les idées mises en place sur les golfs. A Frégate, nous souhaitons donc nous servir de ce label pour faire savoir. La démarche intellectuelle n’est pas d’attirer plus de monde mais d’expliquer que nous avons déjà actionné des démarches vertueuses. C’est essentiel, encore plus avec ce que l’on a vécu cet été avec la sécheresse et les attaques de golfs.
Infos www.lefregateprovence.com