Tous les ans, au moment de boucler ce numéro spécial, nous proclamons à qui veut bien l’entendre que « la femme est l’avenir du golf ». Cette évidence répétée comme un mantra saison après saison peut légitimement agacer plus d’une joueuse, fondée à trouver que cette promesse de lendemains radieux tarde à se concrétiser : à l’exception d’une petite élite mondiale, ces Dames perçoivent des revenus inversement proportionnels à leur talent (immense) et leur travail (intense).
N’empêche que le constat est le même dans tous les pays. Avec 30% de joueuses, la marge de progression est énorme et peut se révéler exponentielle : une golfeuse convaincue est souvent une mère motivée qui va inciter sa progéniture à taper dans la balle et, de ce fait, contribuer au renouvellement des pratiquants. La tendance semble inéluctable et surtout indispensable à l’essor (voire à la survie dans certains pays) du golf de par le monde. Et puis, il y a – comme dans bien d’autres domaines – l’exception française…
Est ce parce que les femmes ont depuis toujours été accueillies à bras ouverts (voire davantage) dans les golfs de l’hexagone à la différence de nombreux pays, anglo-saxons en tête ? Toujours est-il que l’histoire du golf français s’écrit au féminin et que celle-ci a franchement fière allure grâce aux nombreux faits d’armes faits par des Dames : Catherine Lacoste a accompli ce qu’aucun de ses compatriotes n’a jamais réussi et Patricia Meunier-Lebouc est la seule tricolore de l’ère moderne à avoir gagné un tournoi Majeur. Ce passé radieux est le socle d’un présent glorieux : le seul Majeur hors USA ou Royaume-Uni – l’Evian Championship – est féminin et français.
Notons aussi que le Lacoste Ladies Open de France a réussi, contre vents et Covid, à organiser ses deux dernières éditions alors que ces Messieurs n’ont pas pu fouler les fairways du National (même s’il s’agit de situations très différentes). Mais ce sont avant tout les joueuses qui perpétuent la « tradition » : Céline Boutier est sélectionnée pour la seconde fois d’affilée dans l’équipe de la Solheim Cup (de quoi inspirer les garçons pour la Ryder Cup ?) et la bonne nouvelle (dans tout les sens du terme) nous vient de Pauline Roussin-Bouchard qui, avec un talent phénoménal et sans états d’âmes (ce qui est paradoxal sur le circuit féminin), a signé sa première victoire sur le LET, quinze jours seulement après être passée pro. Une rentrée décidément bleu,
blanc, rose…
Antoine Davot