Arbres entre green et FAIRWAYS
Des photographies saisissantes des arbres qui nous entourent

Le photographe Pascal Echevest nous propose des épreuves inspirantes de la nature qui nous entoure. C’est le thème de son site « Echappées vives »  Nous vous proposons une de ses « collections » : une (belle) échappée golfique tant par ses photographies que par le texte poétique qui les accompagne.

Spoiler : notre site ne rend pas hommage à la photographie qui l’illustre alors n’hésitez pas à cliquer sur le lien en bas de page pour aller découvrir l’ensemble de la collection!

Les arbres, depuis longtemps…

…font partie de notre imaginaire. Qu’ils soient sentinelle ou indénombrable, ils frappent toujours par leur immobilité de centenaire, leur précarité d’arrière-saison. Boqueteaux, taillis, bois et futaies sont là, autour de nous, pour nous rappeler ce que furent autrefois les immenses massifs d’avant les hommes.

L’arbre, en petits bosquets, ou seul plus que tout, donne au paysage sa vraie dimension d’un dessous de ciel, imprimant à nos visions une solitude que l’on prend pour nôtre.

L’arbre est sauvage en sa nature, il est même colon et opiniâtre. Cent fois coupé, il rejaillit, se dresse, se hisse vers les hauteurs.

Il est apprivoisé aussi, et l’homme le plante pour son bon plaisir, à l’endroit qu’il lui plait, c’est-à-dire n’importe où. Il le fiche en terre seul, ou en petites haies linéaires, n’en déplaise à l’arbre qui préfère autour de lui la communauté des siens.

Seul, l’arbre prend toutes les largesses de l’espace ; il devient fort, son tronc s’épaissit des ressources du sol. Il est vulnérable aussi, et périt vite : il n’a plus les siens pour résister au manque d’eau, aux attaques des moisissures, aux morsures des insectes.

Beau, l’arbre l’est assurément dans un golf…

…il agrémente un parcours qui se veut parc paysager, il créé des obstacles au jeu par ses différentes essences.

Rompant l’uniformité d’un espace onduleux, l’arbre occupe agréablement un espace de sa chevelure de branches.

Cependant, il ne choisit pas sa place ; on la lui impose. Un arbre à l’entrée d’un fairway ne peut cacher un bunker ; cela force à jouer plus loin du drapeau, gâche la stratégie du trou. On l’a même insulté de n’être rien qu’un « obstacle infect et aléatoire », coupable de s’immiscer dans le cours normal du jeu. Qui plus est, il a aussi le tort, bien malgré lui, de réduire les angles, de barrer la vue d’un green, d’éliminer des options de jeu, de fermer un dogleg, ou de gêner l’exécution d’un swing.

C’est donc là un objet dans le paysage. Mais vivant…

…l’arbre sait être à l’image de la saison, du ciel, de ses lumières.

Sa place est imposée, et cependant il est ‘naturellement’ là. Il ne lui sert à rien non plus de résister ; il n’est pas maître de sa destinée. C’est même souvent un mal-aimé.

Car oui, l’arbre est périssable : il croît, il se casse, il tombe. Mais alors comment construire une stratégie autour d’un trou avec un tel obstacle incertain et mortel ?

De plus, du tee au green, du premier au dix-huitième trou, le gazon veut plus que ce que l’arbre peut lui prendre : air, lumière, et eau. Face à l’arbre, et ses racines tentaculaires, et ses ramures gigantesques, il est dit que la pelouse n’a aucune chance de l’emporter. Ainsi, là où les arbres dominent, le gazon ne peut donc que périr.

L’automne et ses feuilles mortes couvrant comme un linceul la pelouse finit d’achever la mauvaise réputation de l’arbre chez les architectes du golf.

L’arbre doit donc accepter la place que l’homme lui donne…

…Dans un golf, l’arbre est ordonné. Il gonfle sur une éminence, il se range le long d’une bordure, il forme un groupe dans une dépression. En bon élève, il est apte au rangement, à la file, à l’escouade, prêt à résister aux dangers d’une perspective mal ordonnée.

Le ciel d’hiver, par ses troupes furieuses de nuages, les traits cinglants d’un froid soleil, la bise s’acharnant à plier les ramures, le met à l’épreuve dans son assurance imposée de rigueur et d’ordonnance.

C’est alors à l’échelle de l’arbre que l’on voit l’immensité des ciels d’hiver ; c’est alors à l’échelle de l’hiver que l’on admire la puissante assise de l’arbre.

Ainsi l’arbre dans le golf est-il à l’image de l’arbre-nature face à l’homme. C’est l’histoire d’une relation dans laquelle l’arbre n’a pas le dernier mot s’il se soustrait à certaines lois utilitaires. C’est même l’histoire d’une longue suspicion à distance, où l’arbre ne devient beau que s’il reste à sa place.

découvrir les photographies : https://pascalechevest.com/portfolio/arbres-entre-fairway-et-green/

Plus d’infos sur l’artiste : https://pascalechevest.com