Semaine historique pour le golf professionnel avec la tenue du Jordan Mixed Open presented by Ayla, une épreuve 100% mixte qui débute jeudi. Mark Lichtenhein, le patron du Ladies European Tour (LET), nous en dévoile les contours. 

Quelle est l’origine de ce tournoi qui réunit pour la première fois le Challenge Tour, le LET et le Staysure Tour ?

Cette épreuve a été initiée par la démarche de Chris White, directeur des opérations golf pour Ayla, qui m’a soufflé cette idée en 2016. Il avait été séduit par le VIC Open en Australie et souhaitait aller encore plus loin, non pas uniquement en jouant les tournois masculins et féminins au même endroit, mais bien ensemble. Nous sommes tombés d’accord avec le Challenge Tour et le Staysure Tour pour monter ce tournoi et imaginer un « set up » de parcours équitable avec des tees de départ différents.

Cette démarche est parfaitement dans l’air du temps…

Oui, et elle attire le public comme nous avons eu l’occasion de le voir en 2018 au VIC Open ou à Gleneagles. Nous voulons également promouvoir le golf comme sport olympique donc avec une dimension de mixité très importante, mais aussi comme sport familial qui peut être joué par toutes et tous, et surtout ensemble.

Femmes et hommes vont donc jouer pour la même dotation ce qui est historique ?

Absolument, car c’est un seul et même tournoi donc une dotation. C’était bien entendu l’une des clés pour organiser ce tournoi. L’ensemble des droits de sponsoring et de dotation vont à la totalité du champ. On parle beaucoup de dotations dans le tennis par exemple. Il y a de la parité mais uniquement dans les Grand Chelems, sinon sur le circuit WTA à l’année, les femmes sont moins payées que les hommes. Le Jordan Mixed Open presented by Ayla est un seul tournoi, il n’est que juste de répartir équitablement la dotation.

Cette épreuve va servir de vitrine pour le futur ?

Oui, tout d’abord pour montrer que les femmes peuvent jouer contre les hommes et les battre. C’est très important aux yeux du public. Nous avons vu cela au Golf Sixes l’an dernier et les observateurs et les spectateurs ont pu se rendre compte que l’écart entre les femmes et les hommes était moins grand que ce qu’il pouvait penser. L’enthousiasme fut donc largement au rendez-vous.

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D’autres projets de ce type existent-ils ?

Il n’est pas question d’organiser ce type de tournoi toutes les semaines mais il serait bien de développer ce concept. C’est également une manière d’offrir de la visibilité au golf féminin pour attirer davantage de sponsors. Si les gens se rendent mieux compte du niveau du golf féminin, les sponsors seront plus nombreux, c’est certain. Le système est orienté vers le golf et plus globalement le sport masculin, qui a créé la TV payante. Il faudrait donc le décaler un peu vers le golf féminin. Cependant, je pense qu’aujourd’hui nous entrons dans une nouvelle ère avec les réseaux sociaux qui vont aider à donner de la visibilité au golf féminin. C’est un signe positif. Mais l’objectif est en effet d’apparaître sur les chaînes de télévision les plus fréquentées par les téléspectateurs.

Est-ce également un moyen de mutualiser les coûts en impliquant trois circuits à l’heure où la situation financière, notamment du LET, est parfois délicate ?

Ce qui coûte cher dans le golf, ce sont les coûts de production pour la télévision. Cette semaine hélas, nous n’avons pas de live, car les tarifs sont plus élevés que la dotation ! Nous allons faire le maximum avec les réseaux sociaux pour assurer la médiatisation de l’événement avec des « highlights ». Mais effectivement, si nous travaillons ensemble, il est plus simple d’utiliser les ressources de chacun.

Justement, quelle est aujourd’hui la situation du LET. Est-il en « bonne santé » ?

Nous faisons de gros progrès. Nous avons annoncé de nouveaux tournois cette année, en Espagne, en République Tchèque… Nous travaillons étroitement avec de nombreux partenaires ainsi que des fédérations. La ffgolf et la Fédération espagnole sont très sensibilisées au golf féminin, nous aident beaucoup, et surtout contribuent à faire passer des messages aux marchés pour y investir. Le golf féminin est en effet un domaine très intéressant pour investir. Nous tentons de persuader que dans ce monde d’égalité, il faut investir sur le sport féminin. Nous progressons, mais nous n’allons pas changer le monde du jour au lendemain. Nous allons dans la bonne direction.

Vous êtes donc confiant dans l’avenir du LET ?

Absolument ! Je pense que nous avons le vent dans le dos pour le sport féminin en général et il faut en profiter et capitaliser. De plus en plus d’investissements touchent le sport féminin, nous avons pu le constater avec le football par exemple… Je pense que compte tenu des prix de sponsoring pour le sport masculin, le sport féminin devient une option très attirante pour les sponsors car il est plus « bon marché ».

Informations complémentaires sur ladieseuropeantour.com et europeantour.com